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Ecrit par Chloé Billard
Le jeudi 15 février Positive Company® a eu le plaisir d’organiser un webinaire sur les pratiques opérationnelles RSE du secteur des Médias et de la Presse.
L’occasion de recevoir deux entreprises labellisées Positive Company® : la régie publicitaire 366 représentée par Bruno Ricard, directeur général adjoint marketing, études et communication et le groupe de presse Sipa Ouest-France, représenté par Julie Quintard, responsable engagement et développement durable afin de mettre en lumière leurs engagements RSE.
1. Le secteur de la presse en transformation
La régie 366 a initié en 2020 un audit des éditeurs de PQR (Presse Quotidienne Régionale) en France grâce à la solution Scoring by Positive. Cet audit a donné l’occasion de mesurer et de construire des rapports consolidés sur l’ensemble des indicateurs RSE des acteurs de la presse pour ensuite comparer leurs progrès sur trois ans.
- Maitrise proactive des risques
Premier résultat observé : une nette progression de la maitrise proactive des risques RSE (77% des éditeurs de PQR ont amélioré cette gestion des risques en 2023 contre 67% en 2021).
Parmi les défis identifiés, le financement publicitaire qui représente 30% des revenus des PQR, a été mis en lumière. Les nouveaux usages des annonceurs et la montée en puissance des GAFAM dans le numérique ont souligné la nécessité de repenser la proposition de valeur. La diversification des activités est ainsi présentée comme une stratégie pour assurer la pérennité et la solidité du modèle du journalisme régional.
La problématique de l’approvisionnement en consommables d’impression (papiers, plaques, encres) a également été abordée, mettant en avant les risques économiques liés à la disponibilité et aux prix du papier, intensifiés par la crise du COVID-19.
Bruno Ricard souligne que les risques peuvent être plus facilement anticipables en les cartographiant.
- Raisons d’être
L’audit a également exposé le fait que 70% des titres de la PQR ont défini leur raison d’être, souvent incarnée par la fiabilité et l’aspect local de l’information. Un grand pas en avant pour structurer les stratégies RSE ! Bruno Ricard nous rappelle par ailleurs la raison d’être de 366 : « Mobiliser les énergies positives pour supporter l’information et le pluralisme dans les territoires ».
- Bilan carbone
Autre information clé : 85% des titres PQR ont réalisé un bilan carbone en 2023 contre 31% en 2021. Ce bilan permet de travailler sur les composants qui peuvent contribuer à la baisse de cet impact carbone.
La réalisation de ces bilans carbone a permis d’obtenir une représentation plus précise de l’impact carbone de la PQR. Auparavant, l’estimation de cette empreinte reposait sur des moyennes internationales de l’industrie. Actuellement, la mesure est effectuée de manière spécifique pour chaque éditeur, dévoilant une empreinte carbone inférieure aux moyennes utilisées précédemment.
Le principal enjeu de ces bilans est par la suite de proposer une trajectoire carbone adéquate.
- Sensibilisation
En 2023 92% des titres PQR proposent des pages ou articles dédiés aux enjeux du développement durable contre 58% en 2021. Un véritable pas en avant pour sensibiliser le public !
2. La labellisation : une étape nécessaire pour se structurer
Bruno Ricard évoque deux facteurs qui ont poussé 366 à la labellisation RSE : le défi et l’engagement. Le processus de labellisation est un système exigeant qui requiert une conformité, en ce sens elle aide à la structuration d’une démarche RSE. 366 a par ailleurs démontré l’efficacité de ce plan d’actions stratégique en atteignant la deuxième étoile lors de son troisième audit.
En ce qui concerne le groupe Sipa Ouest-France, Julie Quintard observe que la labellisation a permis une vraie mise à nu de l’entreprise, lui permettant de se confronter aux regards externes de ses parties prenantes et ainsi d’entrer dans une démarche d’amélioration continue.
3. Des actions concrètes mises en place pour réduire ses émissions
Les deux acteurs majeurs de la presse nous dévoilent leurs actions à impact.
- Le papier : un enjeu important pour le milieu de la presse
Le papier représente le deuxième plus gros poste à émissions de gaz à effets de serre pour le groupe Sipa Ouest-France (22% des GES). Selon l’ADEME, 30% des journaux sont recyclés en dehors de France. Sipa Ouest-France propose des solutions pour recycler le papier.
D’abord, le groupe met en place un système de logistique inversée qui permet de récupérer les journaux lus dans la boite aux lettres du lecteur lors du dépôt du nouveau journal, s’inscrivant dans une démarche de circuit court.
Le papier ensuite recyclé peut devenir un isolant écologique pour des maisons ou de la pâte à papier.
Le groupe Sipa Ouest-France détient aussi le groupe Publihebdos qui éditent notamment des hebdomadaires partout en France. Sur ces hebdomadaires, la 4ème de couverture de chaque journal a également été revue afin d’y laisser un encart pour écrire l’adresse du client dans le but de réduire le gaspillage d’emballage et de papier. C’est e que l’on appelle l’adressage à découvert.
Il est important de noter qu’au sein de l’industrie de la presse, 80% du papier est recyclé et 100% est certifié PEFC/FSC et ce depuis 25 ans.
- Programme de mécénat interne
La régie 366 a lancé en 2021 un programme de mécénat interne qui donne la parole aux salariés en proposant un soutien financier à un projet ou une association dans lequel ils sont engagés. Ainsi, en 2023 deux associations ont été soutenues par 366, toutes deux en lien avec le handicap et le sport. Cette année l’association soutenue propose aux femmes battues une perspective de reconstruction via la pratique de l’escrime.
- La transformation du transport de fret
Le transport de fret au sein du groupe Sipa Ouest-France représente 30% du bilan carbone. Le groupe poursuit sa démarche d’électrification de la distribution. Un autre exemple, les vélos de La Poste sont réutilisés après 5 ans pour les reconditionner par le groupe Sipa Ouest-France et les réutiliser par les porteurs.
- L’importance d’une charte engagée
Le groupe Sipa Ouest-France ancre son engagement via une charte de journalisme à la hauteur de l’enjeu écologique en 13 points. Cela implique pour le groupe un devoir de transparence et de respect de cette charte dans tous les articles publiés.
4. L’impact de la collaboration et de l’interrogation des parties prenantes
« L’interrogation des parties prenantes est la clé » déclare Julie Quintard.
En conclusion, ce webinaire a offert un aperçu fascinant des initiatives déployées par 366 et le groupe Sipa Ouest-France, deux grands acteurs de l’industrie de la presse, pour transformer ce secteur vers un modèle plus responsable. De plus, la nécessité de collaborer et de consulter les parties prenantes a été clairement soulignée dans la réussite de structuration et d’orientation des actions liées à la RSE.