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Ecrit par Florian Masseube
Les achats responsables se positionnent comme un levier majeur des démarches RSE en 2025. Face aux attentes croissantes des consommateurs, des régulateurs et des investisseurs, les entreprises n’ont d’autre choix que de repenser leurs chaînes d’approvisionnement. Cette évolution dépasse le simple respect des normes : elle redéfinit les relations avec les fournisseurs et invite à une transformation profonde des pratiques.
Voici un tour d’horizon des grandes tendances à surveiller pour anticiper et intégrer ces changements de manière proactive.
1. La traçabilité au cœur des préoccupations
Si la transparence est depuis longtemps une ambition, elle devient désormais une exigence. En 2025, les entreprises s’appuient massivement sur des outils technologiques pour suivre et prouver l’origine de leurs produits et matériaux. Les scandales environnementaux ou sociaux étant de moins en moins tolérés, garantir une chaîne d’approvisionnement éthique devient un passage obligé.
Source : Unilever - Unilever mise sur la technologie blockchain pour une huile de palme certifiée sans déforestation
Qu’est-ce que ça change ?
Les solutions comme la blockchain se démocratisent pour suivre chaque étape, depuis la matière première jusqu’au produit final. Ces technologies ne sont plus réservées aux grands groupes : même les PME peuvent y accéder grâce à des outils simplifiés. Et ce n’est pas seulement une question de conformité : c’est un gage de confiance pour les consommateurs.
2. Le retour en force des circuits courts
Après les perturbations logistiques massives des dernières années, beaucoup d’entreprises se tournent vers des fournisseurs locaux ou régionaux. L’objectif est double : sécuriser les approvisionnements tout en réduisant l’empreinte carbone liée au transport.
Pourquoi c’est important ?
Collaborer avec des partenaires locaux n’est pas seulement une décision pragmatique. Cela contribue aussi au développement économique des territoires, un enjeu de plus en plus valorisé dans les stratégies RSE. En misant sur des circuits courts, les entreprises renforcent également leur résilience face aux crises mondiales.
3. Les critères sociaux, une priorité incontournable
En 2025, les engagements sociaux ne s’arrêtent plus aux portes de l’entreprise. Les attentes des parties prenantes s’étendent désormais à toute la chaîne d’approvisionnement. Les grandes questions comme les conditions de travail, les discriminations ou encore la lutte contre le travail forcé deviennent des priorités dans les choix fournisseurs.
Ce que ça implique :
Les entreprises doivent évaluer de manière rigoureuse les pratiques sociales de leurs partenaires, particulièrement dans les régions où les risques sont élevés. Pour les entreprises européennes, la directive sur le devoir de vigilance impose d’ailleurs des obligations strictes : impossible de fermer les yeux.
4. Des appels d’offres orientés "éco-responsabilité"
Les appels d’offres évoluent : les prix bas ne suffisent plus. En 2025, les entreprises demandent à leurs fournisseurs de prouver leur engagement environnemental. Cela peut passer par des certifications, des objectifs clairs de réduction d’émissions ou encore une approche circulaire dans la conception des produits.
Exemple concret :
Un fabricant d’emballages peut remporter un contrat en démontrant que ses matériaux sont 100 % recyclables ou issus de filières durables. Cela devient un vrai critère différenciant, et les fournisseurs qui ne s’y adaptent pas risquent d’être exclus des marchés.
5. L’achat collaboratif, un modèle qui séduit
Là où les enjeux sont complexes, l’union fait la force. En 2025, de plus en plus d’entreprises se regroupent pour négocier ensemble auprès de fournisseurs ou pour partager des ressources. Cette approche collaborative permet non seulement de réduire les coûts, mais aussi d’imposer des standards RSE plus élevés.
Un exemple qui fonctionne :
Dans l’industrie agroalimentaire, plusieurs entreprises unissent leurs forces pour obtenir des emballages biodégradables à des tarifs compétitifs. En mutualisant leurs besoins, elles réussissent à convaincre leurs fournisseurs d’investir dans des solutions plus durables.
6. La biodiversité, un nouveau critère clé
La préservation de la biodiversité s’impose comme un enjeu de premier plan. Les entreprises sont de plus en plus attendues sur leur capacité à réduire leur impact sur les écosystèmes, notamment dans leurs choix d’approvisionnement.
Un virage nécessaire :
Cela passe par le soutien à des filières régénératives, comme l’agriculture durable, ou par la mise en place de partenariats avec des fournisseurs qui s’engagent à protéger les habitats naturels. À l’avenir, choisir un matériau ne dépendra pas uniquement de son prix ou de sa qualité, mais aussi de son impact sur les écosystèmes.
7. Former les équipes achats : un passage obligé
Les équipes achats sont souvent en première ligne pour traduire les ambitions RSE en actions concrètes. Pourtant, elles ne disposent pas toujours des outils ou des compétences nécessaires pour évaluer efficacement les critères sociaux et environnementaux.
Ce qui change :
Les entreprises investissent massivement dans la formation. L’objectif est d’aider les acheteurs à mieux dialoguer avec les fournisseurs, à poser les bonnes questions et à intégrer des critères RSE dès la phase de sélection. Cela devient un prérequis pour toute entreprise qui veut être crédible sur ses engagements.
En conclusion : un levier stratégique pour 2025
Les achats responsables ne sont plus une simple case à cocher dans une démarche RSE. En 2025, ils deviennent un levier stratégique, capable de transformer une entreprise en profondeur. Ceux qui intègrent dès maintenant ces tendances ne se contenteront pas de répondre aux attentes : ils créeront de la valeur, gagneront en résilience et se positionneront en leaders de leur secteur.
Et pour agir ?
- Cartographiez vos fournisseurs : identifiez les points faibles et priorisez les actions à fort impact.
- Fixez des objectifs clairs : que ce soit en matière de carbone, de biodiversité ou de droits sociaux.
- Communiquez vos progrès : la transparence sera votre meilleur atout pour fédérer vos parties prenantes.
Les entreprises qui réussiront ce pari ne seront pas seulement plus responsables : elles seront aussi plus fortes.
Références :
- Urbanomy : Analyses sur les grandes tendances RSE, notamment en matière d’approvisionnement durable et gestion de la chaîne logistique. (Urbanomy.io)
- Décision Achats : Publications régulières sur l'évolution des pratiques d'achats, notamment les achats collaboratifs et la digitalisation RSE. (decision-achats.fr)
- Mandarine Academy : Perspectives sur la transition numérique responsable et les enjeux de sobriété numérique dans les entreprises. (learn.mandarine.academy)
- Unilever et la technologie blockchain pour une huile de palme sans déforestation : Unilever
- Directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité : Eur-Lex