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Ecrit par Salomé Bernard
La biodiversité n’est pas qu’une question écologique, c’est un pilier invisible de notre économie et de notre bien-être. Des forêts qui captent le carbone aux insectes qui pollinisent nos cultures, les services rendus par la nature en France sont estimés entre 18 et 49 milliards d’euros par an. Pourtant, cette richesse est menacée : 44 % des oiseaux des milieux agricoles ont disparu en 35 ans.
Face à cette réalité, comment intégrer la valeur de la biodiversité dans nos décisions économiques et politiques ? Cet article explore comment la mesurer, la valoriser et surtout la protéger pour en faire un atout durable.
L’évaluation monétaire de la biodiversité : état des lieux
La quantification de la valeur des services écosystémiques est un levier de sensibilisation et d’aide à la décision. En France, selon l’Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (Efese), la valeur annuelle de huit services écosystémiques s’échelonne entre 18 et 49 milliards d’euros, représentant jusqu’à 1,8 % du PIB. Parmi ces services :
- Les usages récréatifs dans la nature sont estimés entre 5,8 et 29 milliards d’euros.
- La pollinisation des cultures représente une contribution économique de 0,5 à 3,8 milliards d’euros.
- La séquestration du carbone, notamment dans les zones humides, est évaluée à environ 240 000 euros par hectare.
Ces évaluations, bien que partielles, montrent l’apport considérable de la biodiversité aux activités humaines et justifient des politiques de préservation ambitieuses.
Des méthodes d’évaluation variées pour une approche plus fine
L’évaluation des services écosystémiques repose sur plusieurs méthodologies :
- Les méthodes fondées sur les comportements, telles que l’analyse des coûts de déplacement, permettent d’évaluer la valeur des espaces naturels à travers la fréquentation touristique.
- Les méthodes de valorisation économique, via les prix de marché ou les coûts évités, sont utilisées pour quantifier les bénéfices des écosystèmes (ex. filtration de l’eau par les sols évitant la construction de stations d’épuration).
- Les approches basées sur les déclarations sondent le consentement à payer des citoyens pour la préservation d’un espace naturel.
Cependant, ces méthodes sont encore sous-utilisées dans les processus décisionnels, avec seulement 5 % des évaluations monétaires de la biodiversité intégrées dans des décisions stratégiques.
Intégrer la biodiversité dans la chaîne de valeur
Les entreprises peuvent repenser leurs modèles en adoptant des pratiques plus durables :
- Éco-conception : favoriser des matériaux recyclés ou issus de pratiques durables.
- Finance verte : investir dans des projets de restauration écologique pour compenser son empreinte.
Transformer la biodiversité en opportunité de marché
Les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux engagements environnementaux des entreprises. Communiquer sur des actions concrètes (reforestation, agriculture durable, préservation des habitats naturels) renforce l’image de marque et la différenciation concurrentielle.
Conclusion
La biodiversité est un capital naturel inestimable, dont la valeur ne peut être réduite à une simple estimation économique. Si les évaluations monétaires offrent un cadre utile pour mieux la prendre en compte dans les décisions publiques et privées, elles doivent être complétées par des approches qualitatives et des processus participatifs. L’urgence est aujourd’hui de traduire ces connaissances en actions concrètes pour préserver la biodiversité et assurer la pérennité des services qu’elle nous rend.